Il nous arrive tous d’éprouver un jour ou l’autre de l’anxiété. L’anxiété apparait lorsque nous sentons un danger probable ou bien lorsque nous cogitons à propos de potentielles situations futures. Ce sentiment d’anxiété est tout à fait normal et utile à certains moments. Cependant, si ce sentiment d’anxiété devient permanent, récurrent, et prend une proportion démesurée, il se transforme rapidement en un problème. Ainsi, comment savoir si nous sommes atteints d’un trouble anxieux, à quel moment notre anxiété dévie du côté pathologique ?
1) Comment distinguer une anxiété normale d’un trouble anxieux ?
Différentes situations nous amènent à être anxieux, on peut citer des évènements heureux comme un mariage, une naissance, ou encore des épreuves sportives, des entretiens d’embauche, et des situations difficiles comme un accident, un divorce, une situation de danger physique… Dans ce genre de situation précise, l’anxiété a une réelle fonction. Par exemple, lors d’une situation de danger, elle nous permet de mettre en place des comportements adaptés comme la fuite. Ou encore, lors d’un examen, elle nous permet de mobiliser notre attention et nos connaissances. L’anxiété s’associe donc à ses évènements, et disparait lorsque la vie reprend son cours habituel.
En revanche, l’anxiété devient problématique lorsque :
- Elle est toujours présente après l’évènement stressant passé
- Elle prend une proportion démesurée
- Elle est source d’une grande souffrance
- Elle ne s’associe à aucun évènement de vie stressant
- Elle altère le fonctionnement du sujet, et donc une partie de sa vie sociale, professionnelle, familiale…
Les symptômes les plus courants d’une anxiété pathologique, et donc d’un trouble anxieux, sont :
- Les symptômes physiques : les maux de ventre, la fatigue, les douleurs chroniques, les étourdissements, les vertiges, les troubles du sommeil, les sensations d’étouffement, les palpitations cardiaques, la transpiration excessive…
- Les symptômes psychologiques : l’irritabilité, l’agacement, les difficultés de concentration et d’attention, la peur de mourir, la peur de devenir fou…
Dans ce genre de situations, l’anxiété perd son caractère normal et adaptatif pour se transformer en trouble anxieux.
2) C’est quoi les différents troubles anxieux ?
Lorsqu’on est atteint d’un trouble anxieux, le psychologue diagnostiquera le trouble spécifique par lequel on est touché. En effet, il existe différents troubles anxieux, et donc différentes façons de s’en sortir. Le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5) répertorie tous ces différents troubles selon une classification internationale et a-théorique (=influencé par aucun courant théorique).
Les troubles anxieux les plus fréquemment rencontrés sont les phobies ; avec la phobie spécifique à un objet, l’anxiété sociale ; l’agoraphobie, ainsi que le trouble anxieux généralisée (TAG). Dans cet article, nous expliquerons ces quatre principaux types de troubles anxieux.
a) Le trouble d'anxiété généralisée (TAG)
Le trouble d’anxiété généralisée correspond à un état où le sujet présente une anxiété permanente et continue, pendant plus de 6 mois. Il ressent trop d’anxiété par rapport à l’importance des événements. Ses préoccupations sont excessives, envahissantes, difficiles à contrôler, et apportent beaucoup de souffrance. Par exemple, le sujet peut ressentir beaucoup d’anxiété à cause de ses responsabilités professionnelles, financières ou familiales, sans arriver à s’en détacher. Ce trouble d’anxiété généralisée a des effets importants sur le fonctionnement psychologique et atteint les différentes sphères de la vie du sujet.
b) La phobie spécifique
La phobie spécifique correspond à une peur se déclenchant à cause d’un objet, d’une situation ou d’une personne. Il y a donc un élément déclencheur de la réaction phobique. L’élément déclencheur n’est objectivement pas dangereux, et la réaction de l’individu est inadaptée par rapport à la dangerosité de la situation. On parle de situation phobogène ou d’objet phobogène. La crainte disparait si on enlève l’objet.
Le sujet est conscient de l’aspect absurde de sa peur. Il développe un tas d’aménagements et de comportements d’évitement qui vont réduire de manière importante ses activités et altérer les différentes sphères de sa vie.
Ce type de phobie est courant et touche environ 9% de la population mondiale. On peut citer la phobie des animaux, du sang, de l’eau, de maladies, de la hauteur, de certains objets, de certaines matières, ou encore de certains moyens de transport…
c) La phobie ou anxiété sociale
Dans la phobie sociale, le sujet a une peur irrationnelle des situations sociales, où il se sent exposer au regard des autres. Le sujet a peur d’être observé, de ne pas être performant, mais aussi peur de montrer des signes d’anxiété. Par exemple, la peur excessive de parler en public, d’avoir une conversation, de rencontrer de nouvelles personnes, ou encore d’être observé en train de manger, représentent des situations d’anxiété sociale.
Le sujet met alors en place des comportements d’évitement afin de contourner les situations sociales. L’anxiété sociale touche environ 7% de la population.
d) Agoraphobie
L’agoraphobie correspond à la peur d’être dans un endroit découvert, à l’inverse de la claustrophobie, qui correspond à la peur des endroit clos. Le sujet n’a pas peur du lieu en lui-même, mais peur d’être dans un endroit où il lui serait difficile de s’y échapper ou d’y trouver du secours en cas de malaises, d’attaques de panique… Les situations-problèmes sont évitées ou subies avec la crainte d’avoir une attaque de panique. Le sujet peut avoir peur de la foule, des files d’attente, des ponts, des bus, d’être seul en dehors de chez soi…
C’est la phobie la plus fréquente. Elle se déclenche généralement entre 18 et 35 ans, et est plus observée chez la femme.
3) Comment soigner un trouble anxieux ?
Le traitement d’un trouble anxieux dépend du type de trouble anxieux par lequel vous êtes touché (trouble d’anxiété généralisée, trouble phobique, trouble panique, trouble de stress post-traumatique, trouble obsessionnel compulsif…). Toutefois, il existe des points communs dans la guérison des trouble anxieux.
Pour soigner un trouble anxieux, un psychologue pourra vous proposer différentes pistes de travail, en fonction de vos symptômes, comme :
- Identifier les causes
- La respiration
- La méditation de pleine conscience
- La visualisation
- L’affirmation de soi
- Ne pas éviter
- Accueillir ses émotions
- S’éloigner des réseaux sociaux
- Un bonne hygiène de vie
- Prendre rendez-vous avec un psychologue TCC : les techniques issues des thérapies cognitives et comportementales (TCC) comme la restructuration cognitive, l’exposition, la désensibilisation, la relaxation…
Pour en savoir davantage sur ces pistes de travail, vous pouvez consulter mon article sur les 10 astuces contre l’anxiété.
Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) sont les thérapies recommandées par les experts pour le traitement des troubles anxieux. Cette thérapie, dont l’efficacité a été validée scientifiquement, vise à modifier les pensées, les croyances fondamentales et les comportements problématiques de la personne afin de les remplacer par des pensées et des comportements adaptés à la réalité.
Pour en savoir davantage sur la façon dont les TCC traitent les troubles anxieux, je vous invite à consulter mon article porté sur ce sujet : Guérir de l’anxiété avec les TCC.
Conclusion
Si votre anxiété se traduit par une souffrance que vous n’arrivez plus à gérer, n’hésitez pas à prendre rendez-vous avec un psychologue.
Un psychologue évaluera d’abord si vous souffrez réellement d’un trouble anxieux, et de quel type (trouble d’anxiété généralisée, phobie sociale, agoraphobie…), ou bien si vous êtes atteint d’un autre trouble mental. En effet, une anxiété importante peut parfois cacher quelque chose de plus profond. Le psychologue vous expliquera alors votre diagnostic en fonction de votre situation spécifique, et surtout vous proposera des moyens d’action. La thérapie cognitive et comportementale (TCC) représente la thérapie de choix, scientifiquement reconnue pour son efficacité à lutter contre les troubles anxieux.
N’attendez pas que votre anxiété devienne trop invalidante pour aller consulter. En effet, plus vous consultez tôt, moins votre fonctionnement anxieux sera ancré dans votre cerveau, et plus les moyens d’action seront efficaces rapidement.
Comment savoir si j'ai un trouble anxieux ? Bibliographie
- American Psychiatric Association. (2013). Diagnostic and statistical manual of mental disorders (5th ed.). https://doi.org/10.1176/appi.books.9780890425596.
- Ladouceur, R., Marchand, A. et Boivert, J. M. (2002). Les troubles anxieux, approche cognitive et comportementale. Elsevier Masson.
- Lecomte, C. et Servant, D. (2020). Les thérapies cognitivo-comportementales en 150 fiches. Elsevier Masson.