Comment traiter le trouble panique ?

Comment traiter le trouble panique ?

Les attaques de panique ou crises d’angoisse touchent environ 11% de la population générale. Le trouble panique quant à lui atteint environ 3% de la population, avec une prépondérance féminine. Pour connaitre la description des attaques de panique (=crises d’angoisse), du trouble panique, et de l’agoraphobie, je vous invite à lire mon article précédent sur Attaque de panique ou trouble panique ? 

Dans ce blog, on détaillera essentiellement la prise en charge des attaques de panique, du trouble panique et de l’agoraphobie, selon les thérapies cognitives et comportementales (TCC). Les TCC démontrent une efficacité importante pour ces types de troubles : de 75% à 90% d’amélioration notable. Les guides de bonne pratique recommandent la prescription d’une thérapie cognitive et comportementale comme intention de premier choix. 

comment traiter un trouble panique ?

1 - Les premiers entretiens psychologiques

Comme pour toute thérapie cognitive et comportementale, la première partie de l’accompagnement psychologique consiste à une évaluation du trouble et de sa sévérité, ainsi qu’à de la Psychoéducation

Le psychologue TCC expliquera précisément ce qu’est une attaque de panique, ce qu’est un trouble panique, quels sont les symptômes, les différentes étapes du traitement, les exercices assignés… Cette première partie de psychoéducation est essentielle et déterminante pour la motivation au changement du patient. Sans motivation ni engagement de la part du patient, il sera difficile voire impossible d’obtenir des résultats.

Le psychologue TCC proposera à son patient une grille d’auto-observation de ces attaques de panique. Dans cette grille, le patient indiquera précisément l’heure d’arrivée de ses attaques de panique, ses sensations physiques, ainsi que les pensées l’accompagnant. Cette grille permettra de définir la fréquence de ses attaques de panique, la sévérité et le contexte. Ce travail devra être réalisé tout au long de la thérapie afin de mesurer les progrès.


Par ailleurs, différents questionnaires d’évaluation pourront être proposés afin d’identifier et d’exclure les possibles comorbidités (inventaire de dépression, inventaire d’agoraphobie, questionnaire sur les pensées phobiques…) L’agoraphobie, la dépression, la phobie sociale ou encore l’anxiété généralisée sont souvent conjointes à un trouble panique, et nécessitent une prise en charge spécifique.

2 - Rééducation respiratoire et relaxation

Lors de l’attaque de panique, le rythme cardiaque s’accélère. Les cycles respiratoires, de 10 à 14 par minutes au repos, peuvent atteindre jusqu’à 25 cycles. Le volume d’air inspiré et expiré passe de 500ml à 1L par cycle respiratoire. La respiration devient superficielle, car déclenchée par les muscles intercostaux plutôt que diaphragmatiques.

Ainsi, la rééducation respiratoire représente une étape essentielle de la thérapie. Le sujet devra prendre conscience de ses mauvaises habitudes de respiration. Le psychologue TCC apprendra à son patient à respirer plus lentement et profondément : en utilisant son diaphragme plutôt que ses muscles intercostaux. La respiration abdominale sera enseignée et répétée, permettant ainsi la diminution de l’hyperventilation

 

Pour vous familiariser avec la respiration consciente, la relaxation ou encore la méditation de pleine conscience,  je vous invite à consulter cette page : https://www.passeportsante.net/portail/audio-video/balado

3 - Restructuration cognitive

Durant l’attaque de panique, le sujet est atteint de peurs irréalistes, de pensées automatiques, incontrôlables, arrivant de manière involontaire. Il peut avoir peur de faire une crise cardiaque, de s’évanouir, de mourir, d’étouffer, de perdre le contrôle de soi, de devenir fou…

Apres les attaques de panique, lors de nouvelles situations phobogènes, le sujet va anticiper la peur. Il aura des pensées automatiques provoquant une anxiété exagérée concernant la survenue d’autres attaques de panique. Ces pensées seront donc responsables de l’anxiété d’anticipation : de la peur d’avoir peur. Ces pensées automatiques peuvent être de différentes natures :

  • En « boule de cristal »: je vais faire une attaque, je vais perdre le contrôle, je vais perdre conscience…
  • Étiquetage : quelque chose ne va pas chez moi, je suis une personne anxieuse. 
  • Dramatisation – catastrophisation : l’anxiété est intolérable, c’est l’enfer, je vais mourir.
  • Personnalisation : je suis le seul à avoir ce problème…
  • Lecture de pensée : tout le monde va s’apercevoir que je panique, que je suis un névrosé…
  • Pensée dichotomique : j’ai paniqué hier, je panique tout le temps…

La thérapie cognitive et comportementale travaillera un volet cognitif grâce à la restructuration cognitive.

  • Quels sont les faits ? 
  • Quels sont les arguments prouvant que ma pensée est vraie ? 
  • Quels sont les arguments prouvant que ma pensée est fausse ? 
  • Ces arguments, sont-ils crédibles, basés sur des faits incontestables ? En suis-je sûr à 100% ?
  • Pourrait-on expliquer les faits autrement ?
  • Comment « … » penserait si cela lui arrivait ? (un ami, une célébrité, une connaissance…)
  • Auriez-vous pensé la même chose de la situation il y a « … » ? (10 ans, 20 ans…)
  • La situation s’est-elle déjà produite ? Vos prévisions se sont-elles avérées vraies ? 
  • Quel est l’impact de ma pensée sur mes émotions ? Sur mes actions ? 
  • Quels sont les avantages et inconvénients à penser comme cela ? 
  • Est-ce réellement grave?
  • Quelle est la pire chose qui puisse arriver ? La meilleure ? La plus probable?

    Ces questions permettent de remettre en cause les pensées dysfonctionnelles du patient. L’objectif sera de les remplacer par des pensées alternatives plus réalistes après une analyse fine des pensées automatiques. 

4 - L'exposition aux sensations physiques

L’exposition aux sensations physiques représente une étape phare et indispensable du traitement du trouble panique en TCC. Cette étape a pour objectif de reproduire les symptômes de l’attaque de panique (tachycardie, oppression thoracique, étouffement, hyperventilation, étourdissement…). En expérimentant les sensations physiques de l’attaque de panique, de façon volontaire et répétée, le sujet va intégrer ses sensations physiques, les dédramatiser, et comprendre qu’elles ne sont pas dangereuses. Egalement, lors d’une nouvelle attaque, le sujet sera plus à même de ne pas se laisser emporter par ses symptômes grâce à l’habituation. 

 

Il existe 9 exercices spécifiques pouvant provoquer les sensations physiques de l’attaque de panique : 

  • Hyperventiler pendant une minute : inspirer/expirer rapidement pendant 10 secondes : 
    Objectif : s’exposer à l’hyperventilation : aux étourdissements, la dépersonnalisation, la déréalisation, puis réaliser une respiration lente et abdominale.
  • Secouer la tête rapidement de gauche à droite pendant 30 secondes les yeux ouverts :
    Objectif : exposition aux étourdissements et aux vertiges.
  • Placer sa tête entre ses genoux pendant 30 secondes et la relever rapidement :
    Objectif : exposition aux étourdissements.
  • Monter et descendre rapidement un escalier ou une marche d’escalier pendant une minute :
    Objectif : exposition à la tachycardie, la sueur.  On peut aussi tendre les bras à l’horizontale devant soi, s’accroupir et se redresser rapidement 10 fois de suite.
  • Retenir sa respiration pendant 30 secondes :
    Objectif : exposition à la sensation d’asphyxie.
  • Contracter tout son corps pendant une minute : 
    Objectif : exposition à la tension musculaire ou aux tremblements.
  • Tourner sur soi-même pendant une minute : 
    Objectif : exposition aux étourdissements. 
  • Respirer à l’aide d’une paille en se bouchant le nez et de ne pas laisser passer d’air pendant une minute :
    Objectif : exposition à la sensation d’étouffement et d’oppression thoracique.
  • Fixer un point pendant 1 minute, puis fixer un mur blanc :
    Objectif : exposition à la sensation de flou visuel, de vision brouillée.

5 - Exposition à l'agoraphobie

Si le trouble panique est associé à de l’agoraphobie, c’est-à-dire, à la peur de ne pas pouvoir s’échapper ou d’être secouru lors d’une prochaine attaque de panique, le psychologue TCC proposera un travail supplémentaire d’exposition.

 

Le psychologue TCC et son patient établiront une liste des situations phobogènes de difficulté progressive. Le patient devra s’exposer à ces situations en imagination puis dans la réalité. L’exercice devra provoquer une anxiété légère à modérée (environ 40% d’anxiété). 


Il est recommandé au patient de pratiquer un exercice par jour, et de ne pas arrêter l’exposition tant que l’anxiété n’est pas réduite de moitié. Un
 exercice peu difficile sera choisi pour que le patient puisse le faire de manière prolongée. La durée est très importante, afin de permettre l’habituation à la situation, et in fine, un décroit de 50% de l’anxiété ressentie.

Durant l’exposition, le patient ne devra pas utiliser de stratégies contraphobiques visant à neutraliser l’anxiété, comme penser à autre chose, se relaxer, se distraire… Auquel cas, l’exposition sera moins efficace. Le patient devra accepter les sensations, tout en sachant qu’elles sont juste désagréables mais ne possèdent aucun caractère dangereux.

Comment traiter le trouble panique ? Conclusion

De multiples études contrôlées ont démontré l’efficacité de l’approche cognitivo-comportementale pour la prise en charge du trouble panique, avec ou sans agoraphobie. L’objectif de ce blog est de vous résumer les différentes étapes de cette thérapie. Toutefois, chacune de ces étapes nécessite d’être accompagnée par un psychologue ou un psychiatre formé aux TCC, et ne sont donc pas à réaliser seul. Ces étapes seront adaptées en fonction de chaque patient, et du style de chaque thérapeute TCC. 

Si vous êtes atteint de ce type de difficulté, n’hésitez pas à prendre RDV avec un psychologue. Celui-ci évaluera précisément votre situation et vous proposera un accompagnement psychologique adapté à votre problématique spécifique.

Ce suivi peut se réaliser grâce à un format distanciel, via des outils de téléconsultation comme Skype. Ce format, ayant démontré une efficacité égale au présentiel, permet à tout un chacun de consulter facilement, sans la difficulté de se rendre dans un Cabinet de psychothérapie. Pour en savoir plus, je vous invite à consulter mon article sur Pourquoi choisir une psychothérapie en ligne ? 

Comment traiter le trouble panique ? Bibliographie

  • American Psychiatric Association. (2013). Diagnostic and statistical manual of mental disorders (5th ed.). https://doi.org/10.1176/appi.books.9780890425596.
  • Barlow D.H. et Craske M.G. (2007). Mastery of Your Anxiety and Panic: Workbook, Oxford. University Press, 4th Edition. 
  • Beck A.T. et Emery G., Greenberg R., I. (1985). Anxiety Disorders and Phobias : A cognitive perspective. Basic Books.
  • Lecomte, C. et Servant, D. (2020). Les thérapies cognitivo-comportementales en 150 fiches. Elsevier Masson.
  • Servant,  D. (2012). Gestion du stress et de l’anxiété, 3e éd. Elsevier Masson. 

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Mélanie Maillot