Guérir une addiction avec les TCC

Guérir une addiction avec les TCC
Les addictions représentent des pathologies cérébrales se définissant par une dépendance à une activité ou à une substance. Les addictions les plus fréquentes représentent celles liées aux substances réglementées, comme le tabac et l’alcool, aux médicaments, et aux substances illicites comme le cannabis, la cocaïne, l’ecstasy… En France, ces addictions touchent plusieurs millions de personnes. Selon l’Office français des dépendances et toxicomanies (OFDT), il y aurait 8% de la population adulte qui présenterait une addiction à l’alcool et 27% une addiction au tabac. L’addiction au cannabis toucherait environ 7% des adolescents, et 3% de la population adulte. L’usage régulier de drogues dures (cocaïne, crack…) toucherait 1,6% des adultes. Par ailleurs, l’alcool et le tabac représentent les deux principales causes de mortalité prématurée (plus de 50 000 morts par an). Les troubles addictifs deviennent donc un véritable problème de santé publique que les institutions et les professionnels de la santé doivent prendre en compte.

1) Qu'est ce qu'une addiction ?

L’addiction est une véritable pathologie psychiatrique, se définissant comme la consommation répétée d’un produit (alcool, drogues…) ou la pratique excessive d’un comportement (jeux d’argent, réseaux sociaux, comportement sexuel…). Le sujet perd le contrôle sur sa consommation, il n’arrive plus à s’en passer ni à s’arrêter. L’addiction altère alors son fonctionnement psychologique, et perturbe sa vie professionnelle, personnelle et/ou sociale. 

Selon Goodman, pour parler d’addiction ou de dépendance, il faut que le sujet présente ces différents critères : 

  • Impossibilité de résister aux impulsions à réaliser le comportement.
  • Sensation croissante de tension précédant le début du comportement.
  • Plaisir ou soulagement pendant la durée du comportement.
  • Sensation de perte de contrôle.

Egalement, il doit y avoir la présence d’au moins 5 des 9 critères suivants :

  • Préoccupation fréquente au sujet du comportement ou de sa préparation.
  • Intensité et durée des épisodes plus importantes que souhaitées à l’origine.
  • Tentatives répétées pour réduire, contrôler ou abandonner le comportement.
  • Temps important consacré à préparer les comportements, à les entreprendre ou à s’en remettre.
  • Survenue fréquente des comportements lorsque le sujet doit accomplir des obligations professionnelles, scolaires ou universitaires, familiales ou sociales.
  • Activités sociales, professionnelles ou récréatives majeures sacrifiées du fait du comportement.
  • Perpétuation du comportement, bien que le sujet sache qu’il cause ou aggrave un problème persistant ou récurrent d’ordre social, financier, psychologique ou psychique.
  • Tolérance marquée : besoin d’augmenter l’intensité ou la fréquence pour obtenir l’effet désiré, ou diminution de l’effet procuré par un comportement de même intensité.
  • Agitation ou irritabilité en cas d’impossibilité de s’adonner au comportement.

Usage simple :
Consommation ponctuelle ne comportant pas de risque somatique, psychosomatique ou social. Le sujet peut arrêter de consommer s’il le souhaite.

Usage nocif (abus) :
Consommation ayant des risques somatiques, psychosomatiques ou sociaux. Le sujet peut toujours moduler voir arrêter sa consommation s’il le souhaite.

Usage avec dépendance : 
Besoin irrépressible de consommer, perte de contrôle sur ses consommations. Le sujet ne peut plus ni moduler ni arrêter sa consommation.  

Toute consommation comporte un risque pour la santé physique et psychique, ainsi qu’un risque de développer une addiction. Il y a un continuum croissant entre usage simple et dépendance.

2) Facteurs de risque aux addictions

Nous ne sommes pas tous égaux face à la probabilité de développer une addiction. Certaines personnes peuvent tester des substances addictives et ne jamais développer une dépendance. D’autres personnes peuvent en prendre une fois, et développeront une addiction. 

Facteurs personnels : 

  • Les hommes sont davantage à risque.
  • Une consommation précoce augmente le risque. La consommation d’alcool durant l’adolescence augmente par 10 le risque de devenir dépendant à l’âge adulte.
  • Une personnalité anxieuse, dépressive, ou encore introvertie augmente le risque.
  • Des facteurs génétiques (liés à l’activité des neurotransmetteurs) peuvent augmenter le risque chez certaines personnes.

Facteurs environnementaux :

  • Le contexte familial (fumeurs dans le foyer familial) augmente considérablement le risque.
  • Le contexte social à l’adolescence augmente également le risque (ex: ami consommant du cannabis)

3) Guérir une addiction avec les TCC

Il est extrêmement difficile de guérir seul d’une addiction à cause de la perte de contrôle entrainée par la dépendance, et de l’altération du fonctionnement cérébral et dopaminergique. Il est préconisé de consulter un médecin psychiatre afin d’obtenir un traitement médicamenteux, et également un psychologue afin de débuter une psychothérapie. Le traitement médicamenteux aidera au sevrage (=à l’arrêt partiel puis complet de la substance). La psychothérapie consolidera l’arrêt de la consommation, et permettra au patient de comprendre l’origine et l’installation de l’addiction, et de prévenir toute rechute.

Guérir une addiction avec les TCC

Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) offrent différents outils thérapeutiques afin d’arrêter et de contrôler le comportement addictif. L’efficacité des TCC dans la plupart des troubles addictifs a été scientifiquement démontrée par des protocoles standardisés.

a) Psychoéducation des addictions

En premier lieu, la connaissance par le patient de son trouble addictif est le prérequis essentiel pour entamer toute démarche psychologique de changement. En effet, savoir ce que la substance provoque sur son corps et son esprit est nécessaire pour prendre conscience de l’effet délétère de la consommation, et augmenter la motivation au changement. Sans motivation ni volonté de la part du patient, il sera impossible de vaincre l’addiction. Ainsi, le psychologue TCC s’attardera à expliquer le circuit de récompense (dopaminergique), l’impact de la consommation d’un point de vue biologique, psychique et physique, le lien étroit existant entre l’addiction et les autres troubles psychiques… 

b) Restructuration cognitive

La TCC des addictions travaille la sphère cognitive (=les pensées). Le psychologue TCC aidera le patient à prendre du recul sur ses pensées automatiques (ex: fumer me déstresse…), et à les remplacer par des pensées plus fonctionnelles, profondes et saines. Le psychologue et son patient identifieront ensemble les comportements et pensées entrainant l’envie de consommer, avec les croyances anticipatoires, soulageantes et permissives, afin de les remettre en question. 

  • Croyances anticipatoires :
    Les attentes positives avant le plaisir, ex : « ça ira mieux après ma consommation ».
  • Croyances soulageantes :
    les attentes de réduction du manque, ex : « il me faut ma cigarette pour faire passer mon stress ».
  • Croyances permissives :
    Pensées autorisant la consommation, ex : ‘j’ai bien mérité mon verre après ma journée de travail ».

c) Contrôle des comportements impulsifs

La TCC des addictions s’attardera longuement à la sphère comportementale, en développant la capacité d’auto-observation du patient. L’objectif sera que le patient mette en place d’autres comportements face à une envie impulsive. Un carnet de thérapie pourra être proposé au patient. A travers des jeux de rôle, de la méditation, de la relaxation, ou encore des exercices de résolution de problèmes, le psychologue aidera à la restructuration des comportements dysfonctionnels et à contrôler la consommation. 

Guérir une addiction avec les TCC - Conclusion

Une consommation excessive de substances peut vite s’avérer être une véritable addiction. Si vous êtes en difficulté pour contrôler vos consommations, n’hésitez pas à prendre contact avec un psychologue et/ou un psychiatre le plus rapidement possible. Ces professionnels spécialisés dans la santé mentale vous aideront à soigner votre addiction, grâce à un traitement médicamenteux et/ou à une psychothérapie, comme les thérapies cognitives et comportementales (TCC). Grâce aux TCC, vous pourrez travailler votre addiction, ainsi que les possibles troubles psychiques liés (dépression, anxiété…) et parvenir à un meilleur équilibre psychologique. Je vous invite à consulter mon article sur qu’est ce que les TCC pour en savoir plus sur cette thérapie.

Guérir une addiction avec les TCC - Bibliographie

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Mélanie Maillot